mardi 25 octobre 2022

Honneur à nos 58 Paras du 1er et 3ème RCP

 

Beyrouth, le 23 octobre 1983. A 6H18, une explosion détruit le quartier général américain installé près de l’aéroport de la capitale libanaise, tuant 241 soldats de corps des Marines. Deux minutes après ce premier attentat, l’immeuble « Drakkar », qui abrite des militaires français, est à son tour visé : 58 parachutistes y perdent la vie, dont 55 du 1er RCP et 3 du 9e RCP, 15 autres furent blessés.

Quelques mois plus tôt, afin d’aider l’armée libanaise à restaurer la sécurité dans les environs de Beyrouth, à protéger les populations civiles et à permettre aux combattants de l’OLP de quitter la capitale, il avait été décidé de créer, dans le cadre d’un mandat des Nations unies, la Force multinationale de sécurité (MNF). Les effectifs furent fournis par la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Italie.

Au lendemain de ce double-attentat, revendiqué par l’Organisation du jihad Islamique (IJO), qui servira de prête-nom au Hezbollah, la milice chiite libanaise liée à l’Iran et à la Syrie et dont l’existence sera reconnue officiellement en 1985, le président François Mitterrand se rendit à Beyrouth pour apporter son soutien au contingent français. Il décidera, le 17 novembre suivant, de lancer l’opération Brochet contre la caserne Cheikh Abdallah, occupée par des miliciens chiites liés à l’Iran.

Les 8 Super Etendard de la Marine nationale, catapultés depuis le porte-avions Clémenceau, croisant alors au large du Liban, y largueront une trentaine de bombes de 250 kg et 400 kg. Seulement, la position bombardée avait opportunément été évacuée quelques instants plus tôt… Il se dit qu’une source française aurait vendu la mèche…

Trente plus tard, les dessous de cette affaire restent à éclaircir… La Syrie et l’Iran ont été accusés d’avoir commandité ce double attentat, planifié par un certain Imad Mougnieh. Recherché par les services français, américains et israéliens, ce dernier, devenu un cadre important du Hezbollah, s’était un temps réfugié à Téhéran, avant d’être tué à Damas, en février 2008, par l’explosion d’une bombe placée dans sa voiture.

Quant aux raisons qui expliqueraient pourquoi les parachutistes français ont été visés, deux sont souvent avancées. La première serait liée au soutien français à Bagdad dans le conflit Iran/Irak. La France a en effet été un fournisseur d’armes pour le régime de Saddam Hussein à l’époque. La seconde concerne un contentieux financiers né de la rupture unilatérale par Paris du contrat Eurodif signé avant la chute de Shah d’Iran.

La Syrie a également été soupçonné d’avoir participé à l’attentat contre les parachutistes français. Il s’est même dit que le Drakkar, précédemment occupé par les services de renseignement syriens, avait été préalablement piégé avant le départ de ce dernier… En juillet 2008, alors que Bachar el-Assad était attendu en France, une source anonyme à l’Elysée avait disculpé Damas dans cette affaire. Sur quelle base? Mystère.

Le dernier élément en date a été avancé par le général israélien Shimon Shapira, membre du Jerusalem Center for Public Affair. Ce dernier a en effet avancé, l’été dernier, que l’actuel ministre iranien de la Défense, Hossein Dehghan, avait coordonné les actitivés de l’IJO alors qu’il était le chef d’un détachement des Gardiens de la révolution au Liban.

« Les attaques (ndlr, du 23 octobre 1983) ont été menées par l’organisation du Jihad islamique, dirigée par Imad Moughnieh, qui était en fait une unité opérationnelle spéciale qui a agi sous la direction conjointe de Téhéran et du Hezbollah jusqu’à son démantèlement en 1992 » a fait valoir le général Shapira.

Faute d’une commission d’enquête parlementaire concernant l’attentat contre le Drakkar, il est à espérer que toute la lumière sera faite une jour. On le doit à la mémoire des 58 parachutistes fauchés en pleine jeunesse, ainsi qu’à leurs camarades blessés.